Site Historique autour de la Musique Techno à Berlin
An der Schillingbrücke 3
L'adresse An der Schillingbrücke 3 ne ressemble pas aux cartes postales : c'est un visage brut, un peu taillé dans la matière, où l'eau de la Spree passe au bord. Avant que le Maria n’en fasse son écrin après avoir quitté la zone de la Postbahnhof, le lieu vivait déjà de soirées sauvages et de petites expériences sonores — des réputations de squat légalisées, des fêtes improvisées, et un club appelé Deli.
Quand le Maria s’installe sur la rive, il n’emporte pas seulement un nom : il transpose une atmosphère. Les nuits prennent une densité particulière, une salle principale pour les grands sets, une arrière-salle (Josef) pour les concerts plus tendus, et le bâtiment devient un décor naturel où le réel et l’intime se superposent. C’est là que la ville a laissé quelques images au cinéma : le film Berlin Calling viendra tourner des scènes qui parlent encore aujourd’hui aux noctambules et aux cinéphiles.
Les années qui suivent montrent la fragilité du modèle : rumeurs d’extinction, changement de bannière (ADS), puis renaissances. En 2012, le lieu se réinvente sous le nom de Magdalena ; en 2014, le YAAM investit la rive et imprime son propre rythme : marché, musique afro, skate et fresques. Et pourtant, si l’apparence a changé, certaines traces matérielles et invisibles demeurent : une alcôve qui a vu des nuits célèbres, un mur où le son résonne autrement, des détails que l’on retrouve à qui sait regarder.
Si tu veux voir l’endroit aujourd’hui, tu trouveras un parc de sable, des containers peints, des murs recouverts de graffitis et une convivialité très « YAAM ». Mon guide propose de découvrir ou redécouvrir ce lieu .
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Le Kitkat Club/ Sage Club/ Walfisch
Angle Brückenstraße 1/Köpenicker Straße 76
Ancienne photo du bâtiment, ou l'accès au Diskothek Melancholie 2 se faisait encore par le späti visible ici
De la station fantôme au Kitkatclub
Au croisement de Brückenstraße 1 et Köpenicker Straße 76, un bâtiment classé monument historique concentre aujourd’hui plusieurs symboles de la vie nocturne et culturelle berlinoise.
Au rez-de-chaussée se trouve l’entrée du célèbre Kitkatclub, à l’étage les bureaux de la Clubcommission, et dans les sous-sols, les vestiges d’un ancien club fermé : la Diskothek Melancholie 2. Sur la façade donnant sur Köpenicker Straße se trouvait également l’entrée du club quand il était le Sage Club.
Mais ce lieu a une histoire plus ancienne encore, liée au métro berlinois. Il intègre l’une des sorties de la station Heinrich-Heine-Straße, construite par l’architecte Alfred Grenander dans le style sobre de la Nouvelle Objectivité, avec un violet clair comme marque visuelle. Mise en service le 6 avril 1928 sous le nom de Neanderstraße, la station possédait deux sorties, nord et sud, intégrées au tissu urbain.
La station a été fermée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, rouverte en 1945, puis rebaptisée Heinrich-Heine-Straße en 1960. Elle fut à nouveau définitivement coupée du réseau en 1961 avec la fermeture de la frontière intra-berlinoise, devenant une « station fantôme ». Pendant près de trois décennies, les rames passèrent sans s’arrêter. Les accès furent éliminés, sauf celui intégré à l’immeuble d’angle, qui resta invisible et fermé au public.
Ce n’est qu’avec l’union monétaire du 1er juillet 1990 que la station rouvrit, après reconstruction des escaliers.
Ce bâtiment accueille des lieux de vie nocturne depuis cette époque.
Aujourd’hui, ce bâtiment allie mémoire et vie contemporaine :
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Le Clubcommission y défend la vie nocturne berlinoise, en œuvrant pour la réglementation favorable aux clubs, la médiation avec les autorités, et la protection des lieux culturels.
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Le Kitkatclub, installé ici depuis juillet 2007, est réputé pour ses soirées libres, où l’expressivité corporelle et les musiques électroniques (techno, house, trance…) cohabitent dans une ambiance inclusive, érotique et flamboyante
L’histoire plus ancienne du lieu, notamment la période du Walfisch dans les années 90, est à découvrir dans notre guide papier :
https://www.amazon.fr/Guide-lieux-historiques-Techno-Berlin/dp/B0DYZVTFZW
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Le Bunker
Reinhardt Straße 20, Berlin
À l’angle de la Reinhardtstraße et de l’Albrechtstraße, un massif bloc de béton se dresse toujours, sombre et imposant. Construit en 1942 sur les plans de Karl Bonatz, ce Reichsbahnbunker servait d’abri anti-aérien capable de protéger jusqu’à 2 000 personnes, notamment les voyageurs des lignes ferroviaires proches.
Après 1945, il passa sous contrôle soviétique. Prison, entrepôt de textiles, puis lieu de stockage pour les bananes et agrumes venus de Cuba : ses usages changèrent au gré des époques. C’est à cette période qu’il hérita du surnom familier de « Bananenbunker ».
La chute du Mur, en 1989, marqua un tournant. L’édifice, passé sous propriété fédérale, resta vide un temps… mais pas totalement silencieux. Au fil des années 90, son intérieur austère devint le décor de rendez-vous aussi intenses qu’éphémères, mêlant expériences artistiques, sonores et nocturnes.
L’atmosphère y était électrique, parfois déroutante, et attira un public très particulier.C'est même l'ancêtre d'un célèbre club actuel... enfin d'une de ses parties.
Les murs ont tout entendu — mais ne raconteront rien. Nous vous en parlons dans notre guide papier.
Ce n’est qu’en 2003 qu’un nouveau destin s’imposa : Christian Boros, collectionneur d’art contemporain, racheta le bunker, y fit aménager un penthouse et transforma les quatre niveaux en espace d’exposition. Aujourd’hui, ses 3 000 m² accueillent sculptures et installations monumentales signées Damien Hirst, Olafur Eliasson, Wolfgang Tillmans, Anselm Reyle ou Cosima von Bonin, adaptées à ce dédale brut aux plafonds pouvant s’élever à 13 m. Un lieu où l’histoire et la création se rencontrent, dans un silence que le béton garde jalousement.
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E-Werk
Wilhelmstrasse 43 ,Berlin
De la centrale électrique...
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En juillet 1885, le deuxième bloc de la centrale électrique de Berlin est né dans le bloc intérieur de Mauerstraße 78-80. L'usine de Ziehstraße a fourni de l'électricité aux bâtiments environnants. La centrale a été agrandie à plusieurs reprises pour répondre à la demande croissante d'électricité. En 1893, elle a été déplacée dans le bâtiment de la Markthalle IV pour faire place au commerce de gros en plein essor. L'ancienne centrale a été démolie, et elle est considérée comme le plus ancien témoignage de l'approvisionnement en électricité en Allemagne.
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De 1926 à 1928, le bâtiment a été transformé en atelier de reliure. L'architecte Hans Müller a développé le projet dans les formes expressionnistes de la Nouvelle Objectivité. La façade a été revêtue de briques, ce qui caractérise le nouveau bâtiment. Dans les années 1930, le bâtiment a été surélevé.
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Le nom Buchbindereihof rappelle la corporation des relieurs de Berlin. Leurs bureaux y sont installés depuis la réunification. L'ancien chemin des relieurs reliait Wilhelm- et Mauerstraße.
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... à l'ewerk
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L'ouvrage de retenue a été gravement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il a de nouveau contribué à l'alimentation électrique du centre-ville, mais n'a jamais retrouvé sa capacité d'origine. En 1987, il a été placé sous protection des monuments historiques. En 1997, il a accueilli des séances photo de mode et les premières installations d'artistes de la scène est-berlinoise. En 1998, l'usine a été complètement mise hors service et a servi de dépôt pour les lampadaires jusqu'en 1991.
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Le club "E-Werk" a ouvert en avril 1993 avec le premier disque de DJ Clé. Le "E-Werk" a rapidement joué un rôle déterminant dans la scène des clubs ambitieux de Berlin. Parmi les résidents les plus importants du club figuraient, outre Clé, Woody, Westbam, Jonzon et Terry Belle. Au fil des ans, le "E-Werk" a accueilli des sons techno de Derrick May, Juan Atkins, Kevin Saunderson, Laurent Garnier, Sven Väth, Hell et Paul van Dyk.
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Entre 2004 et 2005, la structure du bâtiment a été rénovée. Par la suite, l'"ewerk" est devenu un lieu d'événements accueillant des réceptions, des présentations, des fêtes, des concerts et des expositions. En outre, on y trouve des bureaux et des logements, ainsi qu'une station de redressement pour l'alimentation électrique du métro. Ainsi, l'ancien ouvrage de retenue est aujourd'hui un lieu où l'on travaille, vit et fait la fête en parallèle.
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Même fermé depuis 1997 comme club, l’E-Werk continue d’influencer la scène berlinoise. Sa façade industrielle reste un symbole, et son nom apparaît encore dans les discussions entre anciens ravers. Des DJs comme Paul van Dyk y ont forgé une partie de leur identité musicale, et certains sets mythiques circulent encore sous forme d’archives audio.
Retrouvez ce lieu parmi le parcours de notre visite dans notre guide papier .
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