Zug der Liebe : la parade qui se bat pour l’amour et la techno
Une nouvelle ère pour la culture techno à Berlin
Berlin a toujours su faire défiler la musique dans ses rues. Mais quand la Love Parade s’est arrêtée, un vide immense s’est ouvert dans le cœur des clubbers.
En 2015, une nouvelle vague a pris le relais — différente, plus engagée, plus intime : la Zug der Liebe.
Un nom qui parle de lui-même
Son nom signifie littéralement « train de l’amour ». Mais ce n’est pas qu’un simple cortège festif : c’est un événement où la musique électronique devient un porte-voix pour des causes sociales, culturelles et environnementales.
Chaque char, décoré et sonorisé, est associé à une association ou à un collectif défendant des valeurs comme la solidarité, l’inclusion, la tolérance, l’écologie ou les droits humains.
Une expérience unique
Imaginez : un après-midi d’été, le soleil éclaire les façades tandis qu’une file de camions ornés de bannières colorées traverse la ville au rythme des basses.
Sur les trottoirs, les passants oscillent entre surprise et sourire. Sur la route, des milliers de danseurs suivent la cadence. Pas de billets, pas de dress code : la Zug der Liebe est un espace public, ouvert à tous, où la techno se mêle aux slogans militants.
Une manifestation engagée
La Zug der Liebe privilégie une atmosphère conviviale et un engagement clair. On y croise autant de vétérans de la scène que de jeunes fêtards, et l’on retrouve ce mélange si berlinois : un DJ set pointu dans un esprit de manif joyeuse.
Pour les collectifs et clubs berlinois, c’est aussi l’occasion de sortir des murs et de rencontrer la ville autrement. Le long du parcours, les immeubles deviennent des gradins improvisés, les balcons vibrent au rythme de la musique, et la ville tout entière se transforme en dancefloor à ciel ouvert.
Un objectif central
Le but de la Zug der Liebe est de militer pour plus de compassion, de charité et d’engagement social.
L’événement est organisé par l’association Zug der Liebe e.V., qui regroupe des organisateurs d’événements, des musiciens, des professionnels des médias et d’autres passionnés de musique.
L’idée est de se démarquer des grands événements comme la Love Parade ou le Carnaval des Cultures, et de se positionner comme une démonstration politique promouvant la communauté, l’amour et la solidarité.
Une nouvelle vague
La Zug der Liebe incarne l’esprit de Berlin : une ville où la musique et l’engagement social se rencontrent pour créer une expérience unique et mémorable.
Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent pour célébrer cette manifestation, faisant de Berlin un lieu où la techno et l’activisme se mêlent harmonieusement.
Vécu de l’intérieur : mon Zug der Liebe 2017
Le 1er juillet 2017, j’ai eu la chance de vivre la Zug der Liebe de l’intérieur.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Walter, de Berlin Techno Narrative, alias Walt Wellen sur la scène techno.
Cette année-là, le char breton était porté par l’association rennaise Enjoy! & Nox Family, avec, derrière les platines : GANEZ THE TERRIBLE, Flipo TlescoP, Morgasm, Ramaah, Walt Wellen, Bob Maxwell et Jacky Nox. Nous avons tous participé au char.
Malgré la pluie battante, quel plaisir de monter sur ce char et de mixer devant les Berlinois !
La sonorisation louée sur place, ainsi que les platines et retours que nous avions apportés, nous ont permis de partager notre joie et notre passion musicale.
Le défilé a emprunté l’un des parcours emblématiques de la Zug der Liebe, partant de l’extrémité nord de l’espace vert de la Bernauer Straße au Mauerpark – un lieu de rencontre incontournable à Berlin : Fête de la Musique, marché aux puces, musiciens de rue, aire de jeux arc-en-ciel, Nuit de Walpurgis, karaoké… Le Mauerpark est un témoignage vivant de la culture berlinoise.
Nous avons traversé la Schönhauser Allee, rejoint la Danziger Straße, passé par la Frankfurter Allee, puis traversé la Warschauer Straße en longeant le RAW.
Moment insolite : nous avons dû couper le son pour éviter de faire vibrer le pont au-dessus de la voie ferrée !
Enfin, arrivés au pied de l’Oberbaumbrücke, nous avons bifurqué sur la Stralauer Allee pour rejoindre le quartier ou se situe le club Wilde Renate et terminer en beauté dans sa rue, le Markgrafendamm.
Nos sets, oscillant entre Techno House et Techno, ont fait danser quelques curieux autour de notre char, malgré la concurrence de nombreux autres chars appartenant à des collectifs bien plus connus sur la scène berlinoise.